La composition de l’apologie suit l’ordre des discours prononcés par Socrate lors de son procès. Pour mieux saisir l'enchainement des trois  discours de Socrate, on peut diviser  le procès, qui s'est sans doute tenu sur une journée[1], en plusieurs "actes". 

 

ACTE 1 :   L’ACCUSATION PREND LA PAROLE

 

Les accusateurs exposent les motifs de leurs plaintes, font citer d’éventuels témoins  pour prouver ce qu'ils rapportent. Dans le cas du procès de Socrate, les accusateurs sont Anytos et Mélétos et Lycon mais il semble que seul Mélétos soit monté à la tribune. Les motifs de l'accusation sont de corrompre (c'est-à-dire de pervertir)  la jeunesse et de ne pas croire aux dieux de la Cité.  Nous n'avons pas une connaissance directe de ce discours, nous pouvons toutefois  en reconstituer certains aspects à partir de ce que Socrate va répondre à ses accusateurs. Ils l'ont en particulier décrit comme un habile orateur dont il faut se méfier.

 

    

ACTE 2 :   L’ACCUSE EXPOSE SA DEFENSE   -   Premier discours de Socrate  -    (édition GF  - page 85 à 118 jusqu'à:  "vaudra mieux pour moi comme pour vous")

 

  L’accusé expose sa défense soit par lui-même soit en lisant un texte écrit par un logographe soit en faisant parler un synégore (ancêtre d’un avocat).

 

Socrate pour sa part décide de se défendre tout seul en parlant librement. Il ne lit pas de texte préparé pour l’occasion et s'exprime spontanément avec les premiers mots venus.  Il se défend d'abord contre les accusations anciennes liées aux rumeurs qui courent sur lui puis se défend contre les accusations récentes en réfutant directement Mélétos. Il explique alors le rôle qu'il a toujours cherché à jouer auprès des Athéniens : les inciter à la réflexion, à les faire penser par eux-mêmes en se libérant des préjugés.

 

 

ACTE 3 :   LE PREMIER VOTE DES JUGES : Socrate est déclaré coupable à une faible majorité.

 

  Les juges procèdent à un premier vote  concernant la culpabilité de l'accusé après avoir écouté le discours de l'accusation puis celui de la défense.

 

Lors du procès de Socrate, environ cinq cents citoyens prirent part au procès et 281 votèrent coupables. Ainsi à une trentaine de voix près, il aurait été acquitté. (500/2 = 250 et 281 -32 = 249).

 

 

 ACTE 4 : L’ACCUSATION  FIXE  LA PEINE   :  La peine de mort

 

  Lorsque l'accusé est déclaré coupable mais que  la loi ne prévoit pas la sentence, une seconde étape du procès commence: l'accusation doit fixer une peine, puis c'est au tour de la défense d'en établir une alternative.  En règle général, l'accusé demande une sanction  de rang inférieure à celle demandée par l'accusation. Si l'accusation réclame la peine de mort par exemple, l'accusé demandera l'atimie (destitution du titre citoyen), l’exil ou une longue peine de prison. Les juges devront alors faire un second vote pour choisir entre la peine réclamée par l’accusation et la peine demandée par la défense.

 

 

ACTE 5: SOCRATE FIXE  SA PEINE   :    Une récompense  !    - Deuxième discours de Socrate - (édition GF  - page 118 à 121 jusqu'à "sera bien payée)

Socrate lorsqu'il doit fixer sa peine estime qu'il mérite non pas une sanction mais une récompense  ! Cela est cohérent compte tenu que d'une part que  la justice consiste:  "à rendre à chacun ce qu’il mérite" et que d'autre part  Socrate estime n’avoir fait que du bien pour Athènes. Par conséquent ce qu'il mérite est bien une récompense et non une sanction.  Il demande alors à être nourri au Prytanée (c'est à dire nourri gratuitement aux frais de la Cité jusqu'à sa mort), récompense accordée aux "héros" de la Cité.  Toutefois devant les protestations des juges qui se mettent à crier et de ses amis qui lui proposent de payer une amende, il consent à payer une amende que verseront ses amis.

 

 

 ACTE 6:  LE SECOND VOTE DES JUGES : Socrate est condamné à mort à une forte majorité. 

 

 Cette fois, le vote des juges sera sans appel : face  à la provocation de Socrate, ils votent à une forte  majorité (environ 329 juges)  en faveur de la peine demandée par l’accusation : la mort. 

 ACTE 7 :   SOCRATE S'ADRESSE UNE DERNIERE FOIS AUX JUGES     :   Troisième discours de Socrate - (édition GF  - page 121 à 127 ).

Socrate reprend la parole et s’adresse une dernière fois aux athéniens;  tout d'abord à ceux qui l'on condamné, puis à ceux qui l'ont acquitté.  Il semble que  cette dernière prise de parole soit exceptionnelle par rapport à la procédure athénienne qui se terminait habituellement par le second vote des juges. 


[1] Sources : Platon  Apologie de Socrate, introduction et notes par Luc Brisson - Edition GF, Paris, 1997