Résumé :

 

 

L’œuvre de Rousseau est construite autour d’une opposition entre l’état de nature (1ère partie) et la vie en société (deuxième partie) . La thèse majeure de Rousseau ressort ainsi clairement : l’inégalité est avant tout liée à l’existence de la société.  L’inégalité n’est pas naturelle ce qui empêche de la légitimer à partir du seul critère de la « nature ». Ce n’est pas la nature qui a fait les hommes inégaux, c’est la société. C’est cette inégalité qui rend les hommes malheureux, injustes, et belliqueux. La création de l’Etat prolonge et accentue les inégalités. Seule une refonte des institutions permettrait de rétablir la société sur de meilleures bases. Pourtant des difficultés très importantes subsistent dans cette tache.

 

 

 

Première partie :   Situation de l’Homme dans l’état de nature

 

 

 

 

à   Rousseau décrit la vie de l’homme vivant dans  l’état de nature, cette analyse occupe toute la première partie du discours (p77 à p 106).     Il faut rappeler que le concept d’état de nature correspond chez Rousseau au degré zéro de société. Bien sûr ce concept n’est pas historique mais comparatif. Il s’agit de faire abstraction des acquis de la société pour retrouver l’homme tel qu’il a « du sortir des mains de la nature ».  Ce concept permet ainsi de retracer une évolution et de mieux juger les acquis de la vie en société[1].    Rousseau trace donc le portrait de l’homme à l’état de nature. Rousseau expose son mode de vie et  ses répercutions sur son corps et sa santé.

 

 

 

 

 

2à    Son mode de vie est solitaire, ses besoins strictement naturels, il mène une vie proche de celle qu’on imagine être celle de l’animal. Une vie insouciante mais qui exige parfois un dur combat pour survivre.

 

De ce fait le corps de l’homme naturel est fort, robuste. Il a une bonne constitution.  Il ne connaît pas les maladies de l’homme qui vit en société.

 

 

3à Sur le plan intellectuel, les idées et les pensées de l’homme naturel sont très peu développées (S’exprimant sans doute à l’aide de simples cris quand cela est nécessaire, il ne peut développer ni son intelligence ni sa raison.)

 

 

4à Toutefois on ne peut réduire l’homme à un simple animal car il possède une faculté spécifique qui le distingue des autres espèces et que Rousseau nomme la perfectibilité. En effet, la vie de l’animal est fixée une fois pour toute par son instinct tandis que l’homme par la perfectibilité peut évoluer soit positivement soit négativement au cours du temps.

 

 

 

A noter :   Ce portait de l’homme vivant dans  l’état de nature comporte un enjeu polémique avec le philosophe anglais Hobbes qui décrit l’état de nature comme une situation de guerre de tous contre tous.

 

 

Dans le texte de Rousseau au contraire, il n’ y a  aucun signe d’une agressivité naturelle qui pousserait les hommes à se combattre. L’homme n’est pas naturellement l’ennemi de son semblable car il n’ y a aucune cause d’affrontements.  Les rencontres sont peu fréquentes, la nature donne à l’Homme ce dont il a besoin pour vivre car ses besoins sont très simples. Les passions de l’homme souvent source de conflits (comme l’orgueil, la jalousie, la passion amoureuse) ne sont pas encore développées. 

 

 

C’est une situation pacifique dans laquelle l’homme vie des jours bienheureux (mais en a-t-il vraiment conscience ?) mais qui est appelée à prendre fin tôt ou tard.

 

 

 

5à  Rousseau avance différentes hypothèses pour expliquer un changement de vie radicale qui va faire passer l’homme de l’état de nature à la vie en société. L’hypothèse la plus simple pourrait être celle d’un accroissement du genre humain. Le nombre des hommes étant de plus en plus nombreux, les contacts et les relations sont plus fréquents. L’hypothèse d’un changement climatique réduisant les zones tempérées et forçant les hommes à se regrouper est aussi évoquée.

 

 

 

Seconde partie :   Etablissement de la société et des Etats

 

 

 

1à Après une introduction sur la question de la propriété (p 107 – de « le premier » … « naturel ») , la  seconde partie est d’abord  consacrée à l’établissement de la vie en société  (page 107 à 118). Les hommes trouvent en premier lieu une utilité et une satisfaction à la vie en société. La société naissante apporte plus de facilité notamment dans le travail, le loisir est plus important. Les hommes se sédentarisent. Les contacts deviennent plus réguliers entraînant des modifications profondes. Le contact social développe le langage et celui ci à son tour apporte un développement intellectuel. Les hommes deviennent plus attentifs aux signes de considérations de la part des autres, les passions se développent.

 

En même temps les hommes deviennent mutuellement dépendants, des différences apparaissent et avec elles des distinctions sociales.

 

 

 

2à L’évolution de la société devient alors de plus en plus conflictuelle surtout avec la naissance de l’idée de propriété : « ceci est à moi » dit le premier homme ayant enclos un terrain (sans doute, pour empêcher les autres de profiter des fruits de son travail). L’apparition de la propriété crée un changement radical des mentalités. Rousseau considère  cette appropriation des terres comme le germe profond des querelles et des discordes

 

La société naissante commence alors à sombrer vers cet état de guerre dont parlait Hobbes. (page 118 haut)

 

 3à  Dès lors la nécessité de fixer des lois ainsi qu’une force pour les faire appliquer devient impérative (page 118-119). C’est ainsi qu’apparaissent les Etats. Mais les  lois au lieu d’établir l’égalité les renforcent en les rendant légitimes car elles sont établit  par les plus riches qui ont le plus intérêt à garantir la sécurité de leurs biens. Ces derniers font croire que les lois sont utiles à tous alors qu’en réalité elles servent surtout à servir leurs intérêts.

 

Ainsi se met en place un système inégalitaire qui correspond sans doute assez à celui que connaît Rousseau à son époque.

 

Cependant le renforcement des inégalités aboutit à la longue à une situation de plus en plus tendue et conflictuelle avec deux issues possibles : soit une guerre civile et un retour de la guerre de tous contre tous,  soit à l’établissement d’un régime politique plus juste[2].

 

 

 

4à C’est alors que Rousseau examine dans une dernière étape (p120 à 133) les différents systèmes politiques pour savoir celui qui serait le plus juste.  Il marque sa préférence pour la république dans laquelle la loi serait l’expression de la volonté générale.  On peut voir dans cette dernière partie du texte les prémices  des idées qui seront développées dans le texte Du contrat social (1762) mais la formulation des idées n’est pas encore  parfaitement claire et Rousseau évoque surtout les problèmes et les difficultés pour établir des lois justes plutôt que d’exposer des solutions.

 

 

 

 

 



[1] Ce statut d’hypothèse de l’état de nature est souligné par Rousseau page 78 : « Il ne faut pas prendre les recherches dans lesquelles on peut entrer sur ce sujet pour des vérités historiques, mais seulement pour des raisonnements hypothétiques et conditionnels… »

[2] En aucun cas Rousseau n’évoque, comme le prétend Voltaire, le fait que l’Homme doive revenir à  la vie de l’état de nature originel car  son évolution est  irréversible.

 


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